Un premier robot pour emballer les huîtres

Le 04/03/2025 à 8:30

Construit par une entreprise de Haute-Garonne, le robot a été présenté en fin d’année à La Tremblade.

Les bourriches se garnissent au rythme d’une huître par seconde. C’est une innovation mondiale qu’est venu présenter Thomas Coutureau, directeur de l’innovation chez Sfere BM (Haute-Garonne), fin octobre à La Tremblade. Pour la toute première fois, un robot dédié à la mise en bourriche est proposé aux ostréiculteurs. Le fruit de cinq années de travail en collaboration avec le comité régional de la conchyliculture de Charente-Maritime.

Ce robot utilise un bras armé d’une pince, elle-même agrémentée d’une ventouse en son centre. Modulaire, il peut s’accompagner d’un système de vision en deux dimensions pour détecter les huîtres placées à l’envers sur le tapis. « Et si la bourriche n’atteint pas le poids défini, alors le robot ajoute une huître supplémentaire », explique Thomas Coutureau.

Initiative pro

Face aux difficultés de recrutement que connaît la filière depuis plusieurs années, l’idée de concevoir un robot est née en 2019. Déjà en lien avec la profession grâce à ses machines de cerclage et de filmage, Thomas Coutureau a sondé les ostréiculteurs des différents bassins français pour aller plus loin. C’est en Charente-Maritime que l’intérêt semble avoir été le plus important.

Un petit groupe d’ostréiculteurs constitué de grands noms du milieu (Gillardeau, Geay, Chiron Montico ou encore Lamaison) s’est alors formé pour aller frapper à la porte du CRC. « D’autres produits sont conditionnés de façon mécanisée mais, s’agissant des huîtres, ce n’était pas banal », se souvient Laurent Champeau, le directeur du CRC. L’organisation professionnelle a donc accepté de financer le travail de recherche et développement en s’engageant à acheter le premier prototype pour 650 000 euros grâce aux fonds du plan France Relance. « Les anciens en parlaient il y a 30 ans mais la technologie n’était pas encore au point », sourit Philippe Morandeau, le président de l’organisation professionnelle.

Voilà la genèse de ce projet révélé en 2023 lors d’une présentation organisée sur le salon conchylicole de La Tremblade. L’intervention de Thomas Coutureau avait fait salle comble. Un beau coup de projecteur pour cette PME de 90 salariés, plutôt spécialisée dans la fabrication de machines en série pour la viticulture et l’agroalimentaire.

Dégustations tests

Plusieurs freins techniques ont été surmontés ces derniers mois avant la présentation du prototype, à commencer par l’élaboration d’une ventouse capable d’attraper des huîtres de toutes les formes pour les placer ensuite dans les bourriches. « Lors des premiers essais, elles volaient partout dans l’établissement », s’est souvenu Thomas Coutureau. Certains ostréiculteurs s’inquiétaient aussi pour la survie de leurs huîtres malmenées par les mouvements très rapides du bras articulé. « Il a fallu organiser des dégustations, vérifier qu’elles étaient bien vivantes », ajoute le directeur de l’innovation.

L’entreprise de Haute-Garonne va maintenant passer à la commercialisation en visant plusieurs robots opérationnels pour les fêtes 2025. Les prix seront variables en fonction des configurations mais devraient tourner autour de 250 000 euros, « avec un retour sur investissement de trois à cinq ans selon les capacités de production », assure Thomas Coutureau. Notons toutefois que cette machine se limite aux petits colis d’une ou deux douzaines à cause des difficultés techniques liées à la superposition des huîtres dans les bourriches.

 

David Labardin

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